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V.  Le chinois a-t-il une grammaire ? 

NB. Le présent chapitre de la faqfllc n'a évidemment pas pour ambition de constituer un abrégé de grammaire chinoise. Il existe pour cela des ouvrages fort bien faits, que l'on ne saurait trop recommander - à commencer par le Chinois mode d'emploi, de Joël Bellassen, Tching Kanehisa et Zhang Zujian (Éditions You Feng, 45 rue Monsieur Le Prince, 75006 Paris ou 66 rue Baudricourt, 75013 Paris¨).

Il souhaite simplement énumérer les questions principales que peut se poser un néophyte ou un débutant confronté aux arcanes d'une langue décidément fort différente de celles auxquelles les "long nez" occidentaux sont habitués - le chinois emploie en fait l'expression "grand nez", dabizi.

Ce chapitre grammatical sera donc relativement bref - et très schématique, caricatural pourront dire certains. Il comportera un certain nombre de renvois aux pages de fllcjvg faisant état des discussions tenues sur le groupe fr.lettres.langue.chinoise autour des thèmes retenus. 

        1.   Le chinois N'EST PAS une langue indo-européenne

On ne le répétera jamais assez. Aborder la langue chinoise ne peut se faire qu'en toute humilité, c'est-à-dire en oubliant pratiquement les certitudes berçant notre perception de ce que doit être une "langue" - marque du pluriel ou du genre; flexions du verbe ou conjugaisons; distinction entre nom, adjectif, adverbe ... plus rien de tout cela n'a cours, non plus, d'ailleurs que le fondamental B-A, BA des écritures alphabétiques.

Ceci ne veut pas dire que le chinois n'obéit pas à des règles précises. Elles sont nombreuses - mais extrêmement simples. Trop simples parfois pour satisfaire l'étudiant occidental, à la recherche de structures toujours plus complexes pour exprimer sa pensée.

Ce qui est déroutant dans la langue chinoise, 

c'est souvent la simplicité de la grammaire et de la syntaxe ! 

    2. Une langue mono-, di- voire polysyllabique

M. James Février, Directeur d' Études à l' École Pratique des Hautes Études:

"En chinois, le mot est une sorte d'atome irréductible. Dans la plupart des cas, il peut être aussi bien verbe que nom ou adjectif. La phrase chinoise est constituée par la juxtaposition de monosyllabes dont la fonction grammaticale est déterminée et indiquée uniquement par la place qu'ils occupent. Chacun de ces monosyllabes est affecté d'un ton, caractérisé par la modulation de la voix  durant l'émission du son".

En fait, les mots composés de deux syllabes (rarement plus) chacune d'entre elles étant elle-même un mot, mais le sens du tout différant de la conjonction du sens des parties, sont légion.

Compliqué ? Pensez à chien-loup qui est "autre chose" qu'un hybride de chien et de loup, puis parcourez  ecriture.htm et tons.htm

    3. Les classificateurs

"Les spécificatifs, ou classificateurs, ou énumérateurs forment l'une des catégories syntaxiques essentielles pour ne pas trop se perdre dans une langue chinoise fourmillant de monosyllabes.

Ainsi, Zhongwen recense 52 caractères pinyinisés shi : 9 au premier ton, 10 au second, 7 au troisième, 25 au quatrième, et un neutre (cuiller, plus souvent prononcé chi2)... 32 li au quatrième ton, etc.

De quoi décourager le plus mémorisant des locuteurs à grand nez ...

L'obstacle identifié, il faut le contourner.

L’une des voies de contournement, c’est l'adjonction de "spécificatifs", appelés également "classificateurs", permettant peu ou prou de cerner de quel shi l'on veut traiter (ou li, ou zhong, ou feng).

Les spécificatifs, par leur caractère à nous étranger, représentent une des réelles difficultés grammaticales du chinois pour étrangers, pour l'emploi et pour la compréhension. Au nombre de plus d'une centaine (plus ou moins) courants, ils trient les objets - et les animaux - en autant de catégories."

Voir specificatifs.htm 

(Unique sur Internet. Permet une recherche par thème. Une création pour fllc ...)

NB. Les spécificatifs existent éalement en japonais.

    4. Masculin - féminin

Les "mots" chinois lorsqu'ils sont en position de nom ou d'adjectif n'ont pas de genre. Exception, à l'écrit, pour certains pronoms personnels et noms propres. Il n'y a de toutes façons pas d'article - alors, dire "un livre" ou "une brochure" n'a pas de sens. Ce qui compte, c'est que tous deux font partie de la classe des objets en papier reliés ou brochés (spécificatif "ben").

    5. Singulier - pluriel

Pas de déclinaison. Une chose, des choses, ce sera le même mot, dongxi. On pourra toutefois marquer la pluralité en utilisant un spécificatif particulier (xie pour un nombre indéterminé, shuang, ou fu, ou zhi pour une paire, le nombre associé au nom et à son spécificatif quand la quantité est connue).

Exception: le pluriel est marqué par le caractère "men" postposé dans certains cas où l'on parle de personnes ou de groupes de personnes. "men" marque également le pluriel des pronoms personnels

Exemples: je, wo; nous: wo men

                    un homme, yi ge ren, quelques hommes, yi xie ren, trois hommes, san ge ren

    6. Passé - présent - futur

"Passé, présent et futur sont une illusion" (Einstein)

Les verbes (ou plutôt les mots utilisé dans une fonction verbale) ne se déclinent ni ne se conjuguent.

Aimer, "ai", c'est aussi aime, aimes, aimons, aimez ou aiment.

S'il est indispensable de préciser que l'on parle du passé, on ajoutera après le verbe un caractère idoine, "le" ou "guo" selon la nature de l'action.

Pour le futur, le verbe sera précédé d'un autre verbe signifiant, en gros, "devoir" - "yao".

L'impératif se marque par une particule, "ba" ou"ne", placée après le "verbe" nanti du pronom personnel idoine: aime , ni ai ba,  aimons, women ai ba, aimez, nimen ai ba.

Bien entendu, la notion d'auxiliaire est dépourvue de sens, et la voix passive s'exprimera comme l'appartenance - par une copule, "de". Pas de conditionnel, ni )bien sûr) de concordance des temps.

Frustré(e) par l'imprécision ? Voir grammaire.htm , sinon 
s'acheter une grammaire http://www.lechinois.com/boutique/livre/livregrammaire.html ...

    7. Néologismes

Le chinois ne manque pas d'imagination pour s'approprier des mots d'origine étrangère, en jouant sur le son, le sens ou les deux.

L'on distingue habituellement entre: 

- emprunts phonétiques directs (kafei, café) où le sens des caractères est perdu

- emprunts intégrant des lettres de l'alphabet occidental, par exemple Kala OK, karaoké

- emprunts phonétiques avec recherche sémantique, par exemple Coca Cola, kekoukele, 

    "agréable et délicieux à boire" ou quelque chose d'approchant

- emprunts avec traduction littérale comme tielu, fer-chemin, chemin de fer

- emprunts avec transcription sémantique comme téléphone, dianhua, parole électrique

    8. Les sigles

Le chinois préfère les mots courts (mono ou disyllabiques), et ne peut évidemment, faute d'alphabet, avoir recours aux sigles pour abréger.

La technique est donc, dans une expression composée, d'identifier dans chaque composant un caractère ou syllabe privilégié, et d'en associer deux pour faire un mot abrégé que chacun est censé comprendre.

Exemples: Beijing, Pékin; daxue, université. Université de Pékin, Beijing daxue, tout le monde dit "beida"

Xianggang, Hong Kong, Aomen, Macao, zhongxin, centre. Le Hong Kong - Macao Center, Xiang gang aomen zhongxin, gang'ao zhongxin

   9. Les expressions idiomatiques

Voir sur sinicismes.htm une classification par Siva des différents types d'idiomatismes rencontrés en chinois (expressions traditionnelles, proverbes et dictons, expressions laissées en suspens ...)

Plus particulièrement chinois, les Cheng yu, "langue devenue" ou proverbes à quatre caractères (pas trois, ni cinq).

 Généralement, ces cheng yu se réfèrent à un épisode mythologique ou historique précis. Voir chengyu.htm , bricbroc.htm .

Il en existe des centaines. Les chengyu sont un point commun au chinois et au japonais (http://karila.free.fr/4kanji.htm ).

Exemple: D'un poème de Mao Zedong, 

Zhi Zheng Zhao Xi, juste saisir matin soir, carpe diem ...

Une référence: 

Patrick Doan, Florilège de locutions idiomatiques de la langue chinoise, chez You Feng, Paris.

Un autre ouvrage (en anglais)

"Easy Way to Leanr Chinese Idioms", compilation de Yong He, Pékin 1998

   10. Les onomatopées

Un peu plus ludique ...

Les chinois ne font bien entendu pas plus glouglou que miam miam.

"wangwang" dit le chien, "mi mi" répond le chat, on meugle "mu mu" et roucoule "gu gu".

Voir onomatopees.htm

( liste tirée du "Chinois mode d'emploi", Joël Bellassen, Tching Kanehisa, Zhang Zujian, éditions You Feng, 1996 - tableau VI (extraits seulement). Les illustrations sont fournies par Microsoft ...)

 

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